La langue française est pleine de ces subtilités qui marquent une nuance entre une locution et une autre même si ce n’est qu’une question de singulier et de pluriel. Ainsi, même si la frontière entre les deux significations semble mince, « de tout temps » avec un –t et « de tous temps » avec un –s ne disent pas tout à fait la même chose.

Quoique la question temporelle soit explicitement incluse, le –s dans « de tous temps » change légèrement le sens de la locution.

L’écriture « de tout temps » avec un –t

En français cette locution adverbiale inclut « tout » invariable. C’est, en fait, la locution la plus utilisée. Elle signifie « toujours » ou « continuellement ». « Tout » introduit alors le « temps » au singulier.

• De tout temps, il fait ses devoirs le soir après dîner.
• De tout temps, elle fait ses exercices de vocalises après le repas.
• De tout temps, je regarde un film avant de me coucher.

Il a l’habitude de faire ses devoirs après dîner et elle fait toujours ses exercices de vocalises après les repas, quant à moi, je regarde tous les jours un film avant de me coucher.

L’écriture « de tous temps » avec un –s

En français « tous » écrit avec un –s veut dire « à tous les temps ». Cela introduit ainsi l’idée d’une immuabilité d’une description quel que soit le moment et quelle que soit l’époque où elle se situe.

• De tous temps, le jour succède à la nuit.
• De tous temps, le chat chasse la souris.

On peut comprendre « de tous temps » sous une optique météorologique. Ainsi, on peut comprendre l’expression comme voulant dire « par tous les temps »

Une veste tous temps peut alors se porter dans n’importe quelle situation, qu’il fasse beau, qu’il vente ou qu’il pleuve.

Bon à savoir sur le mot « tout »

« Tout » peut être un adjectif ainsi qu’on le voit dans les exemples suivants :

• Pour tout argument, il avance son âge avancé. L’idée est ici que l’âge constitue l’entièreté de son argument et c’est également l’argument unique qu’il énonce. En tant qu’adjectif, « tout » s’accorde avec le mot qu’il introduit. On dira alors « pour toute justification, il avance son âge avancé ».

« Tout » peut également être un adjectif indéfini :

• Toute peine mérite salaire. Comprendre alors que chaque chose a sa contrepartie. Le sens est le même dans « Tout manquement à la discipline sera sévèrement sanctionné ».

« Tout » peut être un pronom, ainsi qu’on le constate dans les phrases suivantes :

• C’est un être simple, tout l’enchante. « Tout » signifie alors – et remplace la locution – « toute chose ». Quand on dit que tout le fait rire, c’est qu’il rit de toutes les choses, la remarque vient alors de quelqu’un à qui le rire ne vient que selon des circonstances drôles bien définies.

« Tout » peut être un nom masculin singulier et signifie alors « la totalité ».

• Ce qui caractérise l’enfant capricieux, c’est qu’il veut tout et tout de suite. L’enfant capricieux n’accepte pas une partie de ce qu’il désire. Il veut la totalité de ce qu’il demande.

« Tout » peut enfin être un adverbe, il signifie alors « tout à fait, entièrement, totalement ou très » :

• Le garçon est tout émoustillé à l’idée de monter le cheval de son père. Il est tout heureux que son père lui permette de monter le cheval.
• L’horizon est tout rouge au crépuscule.
• Ce garçon a des vêtements tout déchirés.

Employé au pluriel, « tous » exprime l’ensemble, la totalité sans exception :

• Tous les hommes sont nés égaux en droit.
• Toutes les cartes ont été jouées.

Il est à noter qu’il y a des expressions toutes faites qui emploient « tout » pour signifier quelque chose de bien défini :

• Je suis à vous tout de suite.
• On verra ça tout à l’heure, allons d’abord déjeuner.
• Je suis tout à fait d’accord avec ce que tu dis.
• Tout à coup, la porte claqua et surprit tout le monde.

Exercices d’application

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