Le verbe envoyer se décline sous divers mots qui ne peuvent pourtant être employés pour le même propos. Avec la première personne du singulier, la seule orthographe correcte est « j’envoie » comme dans les exemples ci-après :

J’envoie ma candidature par lettre recommandée aux autorités compétentes.

D’abord, j’envoie un émissaire pour vous expliquer de vive voix ce qu’il en est de notre accord.

J’envoie une décharge électrique pour réveiller la machine longtemps encrassée.

La face cachée du verbe envoyer

Étant acquis que l’orthographe de « j’envoie » ne peut plus être remise en question, portons notre attention sur la signification des différentes formules qui l’utilisent :

J’envoie toute la sauce

Cette expression est, à n’en pas douter, au sens figuré. Il ne s’agit pas ici de la préparation culinaire qui accompagne les plats de viande. L’expression veut parler d’une puissance dont on n’a pas tiré l’entièreté. Je vais donc donner toute la puissance du mouvement ou de la machine.

Il est vrai que la signification d’origine de cette expression touche à des situations cocasses, voire obscènes. Aujourd’hui on l’emploie surtout pour dire que le moteur tourne à plein régime.

Je m’envoie en l’air

Encore une expression imagée, car il ne s’agit pas ici de se fabriquer des ailes pour planer. Je m’offre de bons moments avec une partenaire pour goûter aux plaisirs de la chair.

C’est la sensation d’être dans les airs à un instant qui donne son sens à l’expression.

Je l’envoie paître

Quand le minimum de gentillesse qui m’habite disparaît, je chasse celui ou celle qui m’importune. Encore une métaphore ! L’image renvoie à une ferme où le bétail ne trouve à brouter qu’à une certaine distance du domaine. Ainsi, j’envoie (comme le bétail) l’importun loin de moi.

J’envoie un poulet à ma bien-aimée

Cette expression est aujourd’hui obsolète aussi bien dans sa forme que dans son fond. Je me ridiculiserais assurément en envoyant un billet doux à une dame, car c’est passé de mode depuis des décennies. Cette missive était en son temps cachée sous l’aile du poulet que le valet emportait au domicile de la dame sous prétexte de le vendre.

On pourrait alors extrapoler en expliquant que le texto que je poste à celle que je courtise est le poulet que je lui envoie.

L’orthographe à ne pas confondre

Les exemples suivants nuancent de façon bien distincte les différents emplois du mot avec une orthographe différente à chaque fois.

J’envoie des signaux de lumière pour faire connaître notre position.

L’envoi de ce SMS est à l’origine de toute cette pagaille.

Les envois répétés de signaux ont fini par trahir l’emplacement de la cachette.

En aucun cas, l’écriture des trois mots ne peut s’intervertir, car nous savons déjà qu’à la première personne du singulier – de même qu’à la troisième personne du singulier – le verbe envoyer s’écrit « envoie ». Il est tout à fait faux d’écrire « j’envoi » ou « j’envois ». De même, on n’écrit pas « l’envoie d’un SMS » ni « les envoies » de signaux.

À titre subsidiaire, on pourrait relever un possible emploi du mot en le scindant en deux pour avoir « j’en vois ».

Exemples :

J’en vois un qui ne suit pas la cadence.

J’en vois des exemples à chaque page.

On n’a plus affaire au verbe envoyer, mais au verbe voir.

Un petit exercice pour terminer :